… Il me sembla percevoir
le souffle discret d’un « je t’aime
entre tes lèvres
avides et gourmandes.
Mais il s’agissait bien là
d’une faible ébauche échappée
bien malgré toi
dans le soupir de cette Nuit de Sèvres,
fragile nuit de porcelaine
où naît et disparaît
le mirage d’une romance
avortée avant même d’être née…
Au berceau de tes bras
ô combien éphémères,
je caressai longuement
ce rêve impalpable, illusoire,
de te voir rester à mes côtés,
ne serait-ce qu’une journée
de bienheureuse chimère
où je conjuguerais le tangible
avec impossible sur le grand carnet
des espérances.
Mais il s’agissait bien là également
d’une futile doléance,
tout comme ce « je t’aime »
à peine suggéré entre tes lèvres
à-demi-assoupies, friandes,
installées, semble-t-il,
dans leur belle indifférence…
© Monique-Marie Ihry – 4 février 2023 –
(Extrait du recueil de l’auteure intitulé Nuits de porcelaine, Collection Plume d’ivoire, Cap de l’Étang Éditions, 2023)