L’amour naît parfois d’un instant de magie… Tous deux se rencontrent au buffet d’une gare, tombent amoureux et s’aiment passionnément.
L’amour est intense, sensuel, magnifié. « Avec délicatesse, son corps m’enlaça doucement, acquis à la folle ivresse de parfums délicieusement sauvages », écrit l’auteure. Les jours se suivent dans un bonheur partagé : « Les jours étaient d’amour, les nuits intemporelles, ivres de liberté comme des tourterelles dont le vol apaisant venait fleurir les cieux ».
Puis vient le temps démesuré de l’absence. Au cœur du tourment, dans les ténèbres du cœur abandonné et silencieux, l’amante se réfugie au pays de l’imagination souveraine et trouve parfois un réconfort dans l’asile bienheureux des mots. Cependant, la réalité la rattrape, le souvenir et la peine demeurent : « Mais la porte s’ouvrit mettant fin à la trêve accordée par l’oubli conféré par le rêve. J’étais dans le présent des bonheurs prohibés ». La plume s’endeuille et rien ne semble être en mesure de l’apaiser. Le bien-aimé repose désormais dans une tombe que chaque jour elle vient fleurir…
Du haut de son piédestal, la nature très présente, voire personnifiée, assiste à cet enchaînement de la vie à la mort : « la tempête assaillit la nuit de son amer, et les cieux chevauchant les vagues de la mer déversent leur humeur sous l’estoc de leurs rênes », « Seuls des troncs clairsemés que les autans défeuillent semblaient agenouillés comme les J se recueillent, dominant les grands prés dépourvus de chaleur », « Sur le tombeau gelé de l’amant endormi, une rose agonise au soir couchant, gémit, s’étiole et puis s’éteint d’une larme sonore ».
Si la mort est de mise, la vie est cependant en filigrane, en l’occurrence sur la tombe : « deux blancs lys insoumis viennent soudain jaillir sur le marbre creusé d’une fente opportune ». L’être aimé veille en effet sur l’amante depuis l’au-delà.
Elle n’aura de cesse de vouloir retrouver ce jardin privilégié de bohème où ils vécurent ensemble de délicieux instants, rêve de rejoindre cette « rive infinitude » où ils ont encore tant de choses à partager…
Les métaphores délicates et nombreuses viennent conférer à ce texte de prose poétique une grâce infinie. Rythme, sonorités, harmonie font de cet ouvrage un écrin où les mots blottis dans l’espérance d’un renouveau viennent s’épanouir sous une plume élégante et raffinée.
Monique-Marie Ihry a été récompensée par le Prix Jean Cocteau 2020 de la Société des Poètes Français pour la rédaction de ce recueil de poésie.
Renseignements sur l’ouvrage :
ISBN : 978-2-37613-109-0
Collection Plume d’ivoire n° 31, Cap de l’Étang Éditions
Nombre de pages : 56
Prix : 19 €
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