Notre siècle commençait à peine et se mourait déjà. Une guerre sournoise fomentée par une poignée d’hommes attaquait de toutes parts en petits commandos, semant la peur ici et là, pour ne pas dire partout. On ne savait pas où le mal allait frapper, on ne savait pas quand il tuerait, mais le malheur s’abattrait à nouveau sur d’autres cœurs innocents, c’était désormais certain. Des mères pleureraient leurs enfants, des familles seraient amputées de leurs proches et la Terre, notre belle Terre commencerait à sombrer pour de bon. Combien de temps nous restait-il ? Telle était la question.
Il était sans doute écrit sur le grand livre de la Vie que notre civilisation ne pourrait prospérer davantage. L’esclavage avait été aboli depuis un peu plus de cent cinquante ans. On avait tenté d’éradiquer la misère – sans grand résultat à vrai dire − mais la tâche revêtait d’une telle ampleur…
Par ailleurs et bien que nous n’ayons formulé aucune requête à ce sujet, les femmes venaient tout juste d’obtenir le droit de porter une ceinture assez spéciale pour se faire exploser par le biais de celle-ci, de préférence dans un endroit médiatisé surchargé de monde ! Démence.
L’État d’urgence venait d’être décrété. La France se tenait sur ses gardes, une multitude de policiers et de militaires avaient été déployés en force afin d’assurer la sécurité de chacun. Serait-ce suffisant ?
L’hiver glissait insidieusement dans la nuit installée enveloppant d’un voile crépusculaire nos plus chères espérances. La Terre agonisait en silence absorbée peu à peu dans un Néant programmé…
Agonie
Le monde titube
Comme un oiseau blessé.
Une bombe ce matin
S’est ouverte à l’aurore.
Il n’est plus de rose à éclore
Dans les jardins de la vie,
Il n’y a que la mort
Qui rôde ici et là
Et rampe partout
Aux côtés de Satan,
Et le monde,
Ivre de tristesse et de peur,
Titube, se meurt à l’aurore
Dans la grande ronde de l’horreur.
© Monique-Marie Ihry – septembre 2015… – (Extrait de mon recueil de poésie intitulé « Un monde sans sépulture », Collection Plume d’ivoire n° 3, Cap de l’Étang Éditions, 2017