Mais…
Mon cœur épanche ce matin
sa rose mélancolie.
C’est dimanche, c’est certain,
un jour où tout se pose,
où chacun fait une pause… Mais.
L’automne a décidé de déposer
lui aussi ses valises
dans les allées du jardin de l’espérance,
et je sais que plus jamais tu ne reviendras
au temps des cerises
fouler avec moi le grand jardin
des nobles insouciances…
Tu es parti un beau matin,
un dimanche précisément,
ce jour où sur les branches désormais
se balancent les dernières feuilles,
où même le ciel s’effeuille
en gris nuages émasculés
éjaculant de longues gouttes infécondes
sur l’onde de mon cœur abandonné
à cette longue et désespérante habitude
te t’attendre, de t’attendre, en vain,
sans fin…
C’est dimanche et c’est l’automne
pour qui sait la vie, ô combien, monotone
au cœur mutilé privé de son jumeau,
livré aux inexorables maux
d’une solitude pérennisée.
Mon cœur ce matin épanche sa lente mélancolie,
et sur la blonde robe élimée de notre chêne,
au grand pré de nos jeunes années d’insouciance,
sur ce banc où, jadis nous faisions rimer
rêves, poèmes et vie de bohème,
l’automne chagrin peu à peu s’effeuille
désespérément,
dans le matin jonché de feuilles
d’ambre et de brune mélancolie.
Il n’est plus que ce « je t’aime »
logé au nid des âmes errantes
dans le vague d’un ciel de brume langueur,
dans la désespérante attente d’un renouveau,
au printemps des cœurs sereins
où tout revient et rien ne semble se perdre
dans le lointain, définitivement…
© Monique-Marie Ihry – 3 octobre 2021 –