Une larme de sang

Sous son décolleté de dentelle nacrée
Se laissaient entrevoir de bien charmants secrets.
Ses deux seins palpitants tels des chardonnerets,
Évoquaient la rondeur d’une lune sacrée.

Depuis combien de temps se morfondait Myriam
Assise à cette table espérant la venue
De l’être bien-aimé ? Sur la grande avenue,
L’on entendait l’écho d’un long phrasé de slam.

L’on percevait au loin près de la grande dune
La danse de l’étoile, son charmant menuet.
Et dans son cœur flétri, dans son âme, à regret,
Fleurissait le carmin d’une larme opportune.

Sur le corsage blanc de dentelle, un sanglot,
Une larme, une perle, une goutte moirée.
La mer allait, venait ; sur l’onde mordorée
Se mirait la lune dans le reflet de l’eau.

Dans le ciel en suspens comme un grand reliquaire
Rongé par les cirons, l’étoile a chancelé
Se frayant un passage en l’éther morcelé
Par un torrent d’obus dans un envol précaire.

Sous le tulle léger, de petits seins discrets
Frémissaient en silence, et l’âme abandonnée
Répondait à l’écho de l’onde déchaînée
S’allongeant sur la plage, avortant de ses rets.

Il n’était de printemps sinon dans sa mémoire.
Il n’est plus de demain, il n’y a que la mort 
Où s’égouttent les jours sans aucun réconfort…
Cette Terre n’est plus qu’une immense écumoire.

L’aimé ne viendrait plus la bercer de nouveau,
Car rien ne peut renaître à la mort survenue,

Qui de son couperet, fauche sans retenue
La vie, l’entremêle en son long écheveau…

Sur la robe, une perle, une larme de sang
A surgi d’une épine au firmament de l’âme,
Se lovant aux tourments, soumis au vil l’infâme
D’une hydre scélérate et son fiel meurtrissant…

© Monique-Marie Ihry – 11 juillet 2024

(Toile de l’auteure Ophelia II – huile sur toile 70 x 50 cm -)

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