Elle implora le vin, son extase infinie
Et se réfugia aux confins d’un abîme
À l’abri des tourments et de l’ignominie,
Savoura l’élixir, son vertige sublime,
Espérant oublier les sentiers de la nuit
Pour renaître à la vie, s’éveiller à l’aurore
Délivrée de ce poids qui toujours la poursuit
Dans l’absence d’amour où rien ne peut éclore.
Mais elle se noya dans les flots de la mer.
Sa barque chavira sous le vent de la peine
Bousculée, balayée par un rouleau amer,
Engouffrée dans l’abîme, entourée d’une chaîne…
Et puis soudainement, elle vit s’élever
Une ode aux beaux printemps, à sa vie de bohème.
Sur le feston des flots l’on vit se dérouler
Un chapelet de vers orchestrant un poème,
Sereine poésie logée dans les tréfonds
De son cœur esseulé, amie douce et fidèle,
Ange aux gants de velours animé de profonds
Sentiments, l’invitant à voguer sur son aile…
Par ces rimes portée, dans le vent de l’oubli
Elle s’abandonna, paisiblement bercée
Sur un nuage bleu, buvant jusqu’à la lie
Une dernière fois cette offrande versée…
© Monique-Marie Ihry – 15 octobre 2016 –
Extrait du recueil Telle la feuille au vent d’hiver, Collection Plume d’ivoire n° 2, Cap de l’Étang Éditions, 2017
(Illustration de l’auteure intitulée « Quizas » – Huile sur toile 46 x 38 cm -)