(Ode)
Votre voix faite grâce au-delà du plausible
A la sereine aura des jeunes damoiseaux ;
Poème étourdissant bientôt surgi des eaux
Révélant la candeur d’une aube intraduisible…
Je me souviens d’un temps, sur la plus haute tour
Du château d’un mirage, où le verbe indicible
Épousait l’absolu : dans vos yeux, l’ostensible,
Ce feu, la passion… je n’en faisais le tour.
Ô, vos yeux, ce miroir, un lac azur paisible
Dans lequel se reflète un ciel peuplé d’oiseaux.
… Y vogue une caresse, et parmi les roseaux,
Le doux refrain venu d’une flûte invisible.
J’ai tant rêvé de vous, souhaité votre amour !
Vous flânez comme un astre en deçà du possible.
Il me faut vous rejoindre (un désir irascible…),
Vous serrer sur mon cœur, mon divin troubadour…
Ô, mourir d’un baiser, ce duvet sur ma joue,
Une caresse à l’âme, un baume sur mon cœur
Venant panser les maux, les cuirassant, vainqueur…
Attendre je ne puis, je vous aime et l’avoue !
… Rien qu’un instant douillet, comme il plaît à loisir,
Succomber d’un soupir à l’ombre d’un platane,
Sur l’autel d’un délice où parfois l’on se damne,
Lorsqu’à moi vous venez comme pour mieux mourir…
Il fera nuit demain. Notre Terre zigzague.
L’été sera fini, car nous ne serons plus,
Égarés l’un et l’autre aux songes superflus
Semés ici, puis là, lorsque l’amer divague.
Allons chanter la mer, câlinons notre amour
Sur l’onde de flots bleus, dans l’horizon d’un rêve.
Enivrons-nous du ciel, buvons à notre sève,
Succombons au désir ; que sonne le tambour !
Dans l’alcôve vertige aux confins de ce rêve
Allons conter l’azur, berçons-nous sans détour
Rejoignons l’infini bohème et troubadour,
Délivrons-nous du soir, acceptons cette trêve !
© Monique-Marie Ihry – 19 février 2023 –
Prix de poésie : Grand Prix des Poètes Lorrains 2023
Poème faisant partie du recueil Si les peuples, ensemble