Poème commenté par le regretté Pr et critique littéraire tunisien Mohamed Salah Ben Amor
Blanche harmonie
La neige tombait encore
Sur les arbres emmitouflés.
Dans mon cœur transi gonflé
D’ennui, fleurit une aurore…
Monique-Marie Ihry – 26 janvier 2012 –
« Le lecteur de ce haïku est saisi par quatre éléments hautement poétisés : le premier est le parallélisme verlainien établi entre l’atmosphère neigeuse externe et l’état d’âme de la locutrice. Le second est la relation de cause à effet qui relie ces deux mondes : l’un concret donc visible d’un côté, et l’autre abstrait et par conséquent invisible de l’autre. Le troisième est le caractère subjectivement vivifiant de la neige malgré sa substance glaciale. Le quatrième, enfin, est la double métaphore imaginée par la poète pour décrire le changement qui a été accompli dans son monde intérieur sous l’effet de la neige (l’aurore pour la vivacité, et la fleur pour l’aurore), sans oublier le caractère surprenant de cette dernière image qui répond à l’une des règles poétiques du haïku.
En un mot, ce joyau est petit de taille mais très précieux de par sa valeur. »
Mohamed Salah Ben Amor
Poème extrait de mon recueil « Dans la forêt d’hermine, d’Auvergne et de grâce entrelacées« , Collection Plume d’ivoire n° 44, Cap de l’Étang Éditions, 2024