L’amer des grands fonds

Mon cœur s’est réfugié au berceau de la mer
afin d’oublier du passé le tourment.
Mais dans le puits obscur de cet antre liquide,
il se retrouva sur une couche de boue,
collé bien malgré lui, maculé jusqu’au cou,
sans espoir d’émerger pour rejoindre le présent.
Les déesses vagues, au-dessus de sa tête,
rivalisaient de leur écume dentelle
dont les chevelures blanches ensemble déployées,
ballottées par l’onde paressaient au soleil
sans se soucier de l’être par la fange encerclé.
Dans le vase de la mer, des poissons indifférents
naviguaient en silence picorant ici et là
sur algue, une conque, sur mon âme un regret.
Puis soudain, j’aperçus une paire de rames
encadrant une barque à la coque vermeille,
écartant la dentelle de la robe océane
à la veine recherche d’un cœur désespéré
venu se réfugier dans l’azur infini.
Mais au fond de l’amer, il n’y eut pas d’écho,
car les mots prisonniers se noyèrent aussitôt
entraînant mes espoirs vers l’amer des grands fonds.
Les rames disparurent emportant le vermeil
d’un possible salut. Repus, les poissons
repartirent en chœur picorer d’autres lieux,
abandonnant le cœur au présent d’un oubli
dans le puits de l’âme englouti pour toujours…

© Monique-Marie Ihry – 26 février 2021 –
(de l’auteure intitulée « Adieu » – huile sur toile 46 x 55 cm -)

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