Lorsque dans l’ombre obscure… (Gustavo Adolfo Bécquer)

XXVIII. [Lorsque, dans l’ombre obscure]

Lorsque, dans l’ombre obscure,
une voix égarée murmure
en troublant son calme douloureux,
si au fond de mon âme
je l’entends doucement résonner,
dis-moi, est-ce le vent qui se plaint
dans ses virevoltes, ou sont-ce tes soupirs
qui en passant me parlent d’amour ?

Lorsqu’à ma fenêtre le soleil
rouge brille dans le matin,
et que ton ombre évoque mon amour,
si j’ai l’impression de sentir
une autre bouche dans la mienne,
dis-moi, est-ce qu’aveugle je délire,
ou est-ce ton cœur qui m’adresse
un baiser dans un soupir ?

Et dans le jour lumineux,
et dans la grande et sombre nuit,
si dans tout ce qui entoure
l’âme qui te désire,
je crois te ressentir et te voir,
dis-moi : est-ce que je te touche ou te respire
tout en rêvant, ou bien dans un soupir
me donnes-tu ton souffle afin que je m’en désaltère ?

(Poème du poète espagnol Gustavo Adolfo Bécquer, traduit de l’espagnol en français par Monique-Marie Ihry, extrait du recueil Rimas, Collection Bilingue n° 16, Cap de l’Étang Éditions, 2022)

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