Les cieux n’en finissaient pas
de décharger leur humeur aqueuse
sur les toitures des maisons.
Des cascades venues de toutes parts
se rejoignaient, faisant disparaître les trottoirs,
effaçant les rues bientôt devenues
des ruisseaux dont le volume
augmentait de façon impressionnante.
Le tonnerre tonitruait ses éclairs
dans le feu d’artifice
d’un concert interminable.
Dans les rues, les eaux montaient,
emprisonnant les façades
à leur ire déchaînée.
Équipés de bougies, certains villageois
évaluaient déjà les dégâts
du cruel niveau liquide
grimpant le long de leur habitation,
emportant les branches et les feuilles,
des arbres entiers, voitures
et pans de toiture
vers la mer…
reflétant elle-même
le miroir céleste aux nuages
bistres et lourds
que les dieux s’évertuaient,
dans une bataille sans fin,
à meurtrir de leur épée
électrisée de colère.
© Monique-Marie Ihry – septembre 2019
(Toile de l’auteure « Soledad I » 27 x 35 cm , huile sur lin)