Fille d’une pierre et d’un ouragan,
je glisse comme je peux
entre les deux pics escarpés du souvenir.
Je sillonne les jours entre grisaille et vent
sur les voûtes pentues des douleurs ici et là semées
et des violences tues, subies, accumulées.
Malgré un vœu de paix depuis toujours
voué à l’abîme de l’impuissance,
je vogue et tangue au fil des jours
sur les rives infinies du désamour
déposé précocement en héritage
le jour de ma naissance,
puisqu’il était écrit
qu’il en serait, semble-t-il, ainsi…
J’ai été enfantée par une pierre,
jetée, abusée, abandonnée
dans l’aven cruel du martyre,
subi l’outrage des vents délétères
malmenant les sentes aléatoires
de mes jeunes années d’innocence.
Arrivée au seuil du non-revoir,
je m’incline d’une frêle révérence
sur ce que fut ma vie endolorie
par la froideur sempiternelle d’une pierre
et la force despotique d’un ouragan
dévastateur et mortuaire…
© Monique-Marie Ihry – 8 juillet 2017 –