Bouquet rose 1

” Bouquet rose 1 ” (2014) – Huile sur toile 60 x 30 cm – (toile de l’auteure)

Au dernier soupir

 

Dans la campagne seule abandonnée au vent, un lys blanc, ultime survivant d’un bel été, se penche au chant du crépuscule, respire les parfums que le soir véhicule, avant de s’incliner, le port altier et las vers le sol maculé de feuilles sans éclat.

Dans le ciel, l’automne estompe de sa brume les astres lumineux. La lune se consume peu à peu, s’éteignant bientôt sous l’horizon, rompue au soir couchant, flétrie, en pâmoison, attendant de renaître à l’aurore promise. Les arbres balancés à la courbe soumise gémissent en silence, endurant leur souffrance, implorant un repos, murmurant une plainte chétive, une larme chantée enfantée par le cœur dans la nuit tourmentée.

Dans la campagne seule malmenée par le vent, le lys au front mourant tourné vers le Levant s’incline avec respect dans une révérence, décline sa beauté et sa magnificence dans un dernier soupir au chant du crépuscule, et puis se meurt sans autre préambule.

 

(Extrait du recueil ” La dernière pavane/El último baile, Prose poétique de Monique-Marie Ihry traduite en espagnol par Ana Herrera, Collection Bilingue n° 1, Éditions Cap de l’Étang, avril 2019

 

En el último suspiro  

 

En el campo solo abandonado al viento, un lirio blanco, último superviviente de un bello verano, se inclina ante el canto del crepúsculo, respira los perfumes que la tarde difunde, antes de postrarse, con el porte altivo y cansado, hacia el suelo cubierto de hojas sin brillo.

En el cielo, el otoño difumina con su bruma los astros luminosos. La luna se consume poco a poco, apagándose pronto bajo el horizonte, anulada en la tarde crepuscular, marchita, en desfallecimiento, esperando el renacer con la aurora prometida. Los árboles columpiados en una curva sumisa gimen en silencio, soportando su sufrimiento, implorando un descanso, susurrando un lamento débil, una lágrima cantada nacida del corazón en la noche atormentada.

En el campo solo zarandeado por el viento, el lirio al frente moribundo vuelto hacia el Levante, se inclina con respeto en una reverencia, declina su belleza y su magnificencia en un último suspiro al canto del crepúsculo, y después muere sin más preámbulo.

 

(Traduction de Ana Herrera)