J’ai à peine consommé au banquet de la vie,
Je n’ai point tout à fait mis fin à cette envie
De m’éveiller chaque matin
Dès le chant de l’aurore, abreuvée d’espérance,
Emportée par les mots, oubliant ma souffrance,
Portée par mes rimes satin.
… Je pars pour un voyage aux confins de la mort.
Mes bagages sont prêts, je consens à ce sort
Que Satan lui-même m’impose.
Je n’ai que trop vécu, souvenirs très pesants,
Des boulets que l’on traîne au désespoir des ans
M’imposant une vie morose.
Il n’est plus d’aujourd’hui, je vais vers mon destin.
Il n’est plus de demain, je pars vers l’incertain
Voguer sur l’onde du mystère,
Dans la brume du soir, où le soleil se meurt,
Où les jours sont des nuits, où règne la laideur
Dans un antre crépusculaire.
Adieu mon amour, mon amant, mon ami.
Dans le soir triomphant le soleil a faibli
Et le jour se métamorphose.
Dans le grand lac obscur, la lune va mourant.
Mon cœur au son du soir capitule, se rend,
Il est temps de faire une pause.
Une trêve bien longue empreinte de rancœur,
Un aller sans retour vers un monde sans fleur
Où n’éclot que la verte épine,
Où l’aube se fait nuit, car le soleil n’est plus,
Où la vie n’est qu’un leurre aux rêves superflus.
… Dans les cieux la mort assassine !
© Monique-Marie Ihry – 26 janvier 2020 –
(Toile de l’auteure intitulée « Adieu » (2015) – Huile sur lin 55 x 48 cm -)