Liberté

Envie de sortir,
de prendre ma voiture et de voir défiler les arbres,
regarder les vignes enfanter leurs jeunes feuilles,
m’éblouir de ce camaïeu de verts ensoleillés
que la nature nous offre sur l’autel consacré du printemps,
m’étourdir du chant des oiseaux, de leurs trilles enjoués,
de la symphonie des fleurs dans les champs,
et renaître à l’espoir, ne serait-ce qu’une seule heure,
quelques minutes de vie en prenant le risque
de tomber malade. Peu m’importe !
La sixième semaine de confinement s’épuise
et je me meurs de cette non-liberté qui pourtant
me délivre le choix d’écrire à ma guise.
C’est ainsi, qu’on se le dise, je désire sortir,
m’éblouir, m’enivrer de printemps,
des arbres et des fleurs,
aller jusqu’à mourir allongée dans un champ
au milieu des herbes et des fleurs,
ne serait-ce qu’un instant, bercée par le chant
de la nature et, sereine m’endormir,
dans une paix recouvrée,
au pays de mes rêves et de l’impossible,
loin de cette cruelle réalité
qui tue sans pitié les êtres que l’on aime
et nous plonge dans la lie de la peine
où je m’enlise aujourd’hui,
loin de mes chers enfants
qui luttent courageusement de leur côté
contre le cruel ennemi de leur vie…

© Monique-Marie IHRY – avril 2020 –

(Poème extrait du recueil de poésie Un printemps assassin, Collection Plume d’ivoire n° 13, Cap de l’Étang Éditions, 2020

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