Les fleuristes ayant eu exceptionnellement
le droit de rester ouverts,
la plupart des tombes aujourd’hui
seront couronnées de fleurs,
sauf la tienne mon amour,
trop loin pour que je puisse me pencher
sur l’écrin de verdure
où tu reposes.
Comme tant d’autres,
je suis confinée,
enfermée dans ma tour,
loin de toi pour toujours,
loin tout, mon aimé.
Un frêle soleil s’est levé
au-dessus des toits endormis
parsemés de givre.
Sur mon appui de fenêtre,
prises de somnolence,
les fleurs se préparent à l’oraison
de l’automne,
tout comme mon cœur
priant pour que la mort ne soit
qu’une simple erreur que l’on gomme,
une faute que l’on corrige
en rectifiant la grammaire du sort,
un fantôme que l’on replace
sur la voie de l’irréel… !
© Monique-Marie IHRY – 1er novembre 2020 –
Poème extrait du recueil Un printemps assassin, Collection Plume d’ivoire n° 13, Cap de l’Étang Éditions, 2020
