RENCONTRE  (pp. 44-46)

[…]

En fait, il faut que je vous avoue quelque chose. Vous savez déjà que James m’a vue à deux reprises sous une autre identité. La vraie en fait, car je ne pouvais bien évidemment être que moi lors de notre rencontre. Imaginez ma surprise lorsque je l’ai vu se pencher vers la vitre de ma voiture la première fois ! Il n’avait pas la même tête que sur la photo de son profil. Il avait coupé sa barbe de Roi Mage, celle-là même qu’il arborait fièrement sur Internet. Il était donc méconnaissable, en pire ! En plus il a eu le toupet de me reprocher dans la foulée de ne pas ressembler à la photo que j’avais fait paraître sur ce site de rencontre, ce qui est très inélégant en soi. C’est vrai qu’elle datait de cinq ans et que je ne portais pas de lunettes à l’époque. En l’attendant dans ma voiture, histoire de m’occuper, je m’étais mise à faire des mots croisés et avais eu recours à mes prothèses oculaires pour la circonstance. Comme il n’arrivait toujours pas, j’avais entrepris de feuilleter mon agenda, histoire de passer le temps et de vérifier par la même occasion si je ne m’étais pas trompée de jour. Soudain j’ai entendu frapper à la vitre. Mon sang n’a fait qu’un tour lorsque je l’ai aperçu. J’ai lâché mon agenda et j’ai pris mon courage à deux mains.

« Jour ! Cela commençait bien, j’étais tombée sur un invétéré facteur d’onomatopées.

Bonjour.

– Vous avez trouvé le chemin facilement ?

– Oui, pas de problème, répondis-je.

– J’voudrais pas dire mais il pleut.

– Je vous raccompagne à votre domicile tout de suite. Montez dans ma voiture. »

Je me disais bien que les beaux oiseaux ne mouillent pas, mais comme ce n’était pas son cas, je décidai de ne pas l’enlaidir complètement. J’avais tout juste eu le temps d’apercevoir des cheveux rares mais tout de même propres, un survêtement de très mauvais goût et une paire de baskets qui chaussaient des pieds démesurément petits pour la grande taille du spécimen qu’elles aidaient à tenir debout malgré tout. Quel goût, c’était bien parti.

Arrivé chez lui, il m’a évidemment fait les honneurs de sa magnifique maison (juste histoire de masquer à n’en pas douter un problème de virilité sous-jacent, typiquement masculin comme approche en fait… Ça donne de la bite aux types qui n’en n’ont plus l’usage.).  J’ai essayé de ne pas montrer que j’étais tout de même impressionnée par une si belle demeure. Ensuite il s’est mis au piano, comme s’il voulait réussir au mieux un examen de passage que je ne lui avais résolument pas demandé de passer. Son cas semblait trop lourd pour que je ne me risque dans cette voie. Pour terminer, il m’a longuement parlé de ses ex. Génial comme vous pouvez l’imaginer, et tout à fait engageant pour une première rencontre. Mais bon, Yiórgos avait fait de même. Il semblerait que ce soit un classique du genre.

[…]

( Extrait de Mythomania sur le Net, roman en vente sur : amazon.fr,  fnac.com, chapitre.com.

Vous pouvez également cliquer sur ce lien pour le trouver :

http://www.edilivre.com/catalogsearch/result/?q=mythomania+sur+le+net  )

couverture-1ere-de-couv-mytho-edilivre