Sur les rives du Rhin

 

La mort était inscrite à ses flancs faméliques.

Le vagabond penché sur son futur défunt

Défiait sa douleur, l’espoir sans lendemain,

Se leurrait de cendres, s’enivrait d’arsenic.

 

Il paraît de bleuets un présent narcotique

Alors que dans le noir distillaient leur venin

Les rigueurs de l’hiver,  les cloches d’un tocsin

Sur le parvis absent de notre basilique.

 

Notre Dame du Soir sur les rives du Rhin

S’endormait sans besoins, faisant fi des chagrins

De la faim infligée aux hères sans papiers.

 

Dans cette nuit frigide une âme dédaignée

Osait sa prière sous les pins résignés

Pour que cesse le froid, son refrain assassin…

 

 

Monique-Marie Ihry – 19 janvier 2011  –

 

* * *

“Ce genre de poésie  descriptive  qui dépeint  la souffrance humaine et qui exprime la solidarité morale  de son auteur avec les déshérités et les démunis  n’offre pas au poète la possibilité de  créer des images surprenantes, car  son but est avant tout de susciter  la compassion, la pitié  et l’attendrissement  du récepteur afin de  l’émouvoir   et l’associer  à la situation inhumaine décrite. Et pour y parvenir,  on use  d’habitude de deux moyens principaux : un ton pathétique fort et l’accumulation de termes et d’expressions  à  haute  charge émotive. Ce qui  s’applique pleinement à ce poème où l’auteure  s’est employée tout au long de son texte à établir une relation de cause à effet entre deux champs opposés : le premier est celui du destin hostile qui se profile à travers différentes sources de maux (mort – douleur – cendres – arsenic – venin rigueurs de l’hiver – chagrins – faim – froid, …) et celui  de la victime agressée, c’est à dire  le vagabond  qui encaisse les coups de son agresseur sans  être capable de les rendre.

Un bon poème qui répond aux conditions du genre.”

 

Mohamed Salah Ben Amor