Messager   J’essayais en vain de raccrocher les wagons De ce train dément où voyage l’horizon, Mais ne parvenais pas dans cette course folle À assembler leurs liens voguant au gré d’Éole.   Mus par un ouragan de pensées délétères, Les nuages du ciel comme de pauvres erres Chevauchaient leur jument, la fouettant jusqu’au sang, Incendiant le soir d’un bandeau indécent.   Puis vint une accalmie qui dissipa les rouges, Les noirs abandonnèrent le siège de ce bouge Et la lune en sommeil réveilla les étoiles Soulageant de ce fait les cœurs purs de leurs voiles.   Le train recomposa un semblant d’unité, Une paix s’installa sur le rail des pensées Et dans le ciel serein un oiseau de passage Inscrivit en lettres d’amour ce doux message :   « La vie est une fleur fragile, la guerre une cause futile. Aimez-vous et entraidez-vous. De la nuit émane le jour, l’Amour triomphe toujours sur les maux. »   Monique-Marie Ihry – 18 septembre 2011 –  

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“Ce poème est bâti selon la technique de la gradation  en trois phases : noir/clair ‒ obscur/clair ‒ crise/accalmie/détente. Le noir ou la crise  correspond aux deux premières strophes, le clair-obscur ou l’accalmie aux six vers suivants, et le clair ou la détente aux  sept derniers vers. Cette construction est motivée par l’optimisme de la poétesse qui, malgré les affres de la guerre faisant rage dans plusieurs pays du monde et surtout en Libye où elle a fait jusqu’ici plusieurs milliers de victimes et causé des destructions  catastrophiques,  lance un message d’amour à tous les  belligérants quel que soit leur camp pour leur rappeler qu’ils  sont en train d’agir contrairement à  ce que devrait leur dicter leur essence noble  voilée malheureusement  par la haine  et qui n’est autre que la bonté naturelle ! La métaphore des wagons du train pour illustrer la guerre est une très belle trouvaille stylistique.”   Mohamed Salah Ben Amor