Ce poème que j’ai écrit dernièrement a été traduit en arabe par le Dr Mohamed Salah Ben Amor et publié dans une revue américaine. Qu’il en soit vivement remercié !

Rimes d’autrefois  

 

Sur tes lèvres j’entrevois un au revoir,

un léger frémissement sur l’onde du soir.

Le ciel perle quelques larmes

qui gémissent entre les arbres.

Il se fait tard, il se fait froid,

je sais que nous n’irons plus au bois

cueillir les sarments colorés de la vie.

 

Les roses de mélancolie

referment leur corolle de fête,

il ne reste en notre jardin

que ces orfèvres et défunts matins

où fleurissaient des mots poètes,

ces vers, ces douces rimes

que jadis ensemble nous écrivîmes…

 

© Monique-Marie Ihry      21 août 2013 –

 

* * *

“Comme l’ont sans doute remarqué les amis de cette poétesse, ses textes sont devenus de plus en plus espacés dans le temps. Mais il n’y a rien d’étonnant, du fait qu’elle dispose d’un autre moyen d’expression artistique aussi efficace que la poésie : la peinture. Néanmoins, ce retour au très vieil art linguistique après quelques mois d’absence ne peut que retenir l’attention par la rupture qu’il crée avec la série de poèmes qui l’ont précédée, et ce eu égard à l’extrême bonheur qu’elle affichait  et l’atmosphère paradisiaque qu’elle décrivait dans ses vers. Un événement quelconque se serait-il entre temps passé pour provoquer ce revirement inattendu ? À notre humble avis, il n’en est rien ! Il ne s’agit que de l’écho d’un malheureux souvenir lointain enfoui quelque part dans l’inconscient venant d’être réveillé par un stimulus externe, en l’occurrence l’arrivée de l’automne, cette saison particulière à laquelle l’âme de notre poétesse a toujours été sensible. La preuve en est le bon nombre de poèmes qu’elle avait consacré à cette saison dans son premier recueil intitulé : Rendez-vous manqués. Entendons-nous bien, le processus de cette vague de mélancolie qui l’envahit ici est progressif (du passé vers le présent) et non régressif (du présent vers le passé), d’où son caractère purement spontané et involontaire qui n’est pas sans nous rappeler les fameux « sanglots longs de l’automne » de Verlaine.

Sur le plan stylistique, et bien que la poétesse ait mis en exergue le mot « rimes » au pluriel qui renvoie au rythme sonore,  c’est sur la texture imagée qu’elle a concentré l’essentiel de ses efforts. Ce qui s’est traduit par le choix et l’assemblage d’une multitude de  très petits détails (Sur tes lèvres j’entrevois un au revoir / Un léger frémissement sur l’onde du soir / Le ciel perle quelques larmes / Qui gémissent entre les arbres / Il se fait tard Il se fait froid) évoquant la morosité et la grisaille.  Et c’est là  que se situe le point fort et pertinent du poème, car c’est grâce à lui que ce dernier acquiert une dimension profondément humaine : le lyrisme inné de l’homme face à la nature dont il fait partie.”

 

Mohamed Salah Ben Amor